Contenu
Programme des conférences Campus Condorcet 2017-2018
Nouveau cycle de conférence au Campus Condorcet. Thème de cette saison : Un monde fini ? Environnement, croissance et croyances. Entrée libre.
Un monde fini ? Le développement économique face à la crise environnementale depuis les années 1960
La question environnementale devient centrale dans les années 1960. Elle est popularisée par des lanceurs d’alerte scientifiques et de nouvelles ONG.
Les hommes politiques se saisissent de la question vers 1970 et agences et ministères sont créés. Les économistes sont placés en position de responsabilité et est énoncé le principe qu’il n’y a pas d’opposition entre croissance économique et protection de l’environnement.
Vingt ans plus tard, du fait de la globalisation et de l’explosion des productions, la destruction des environnements paraît incontrôlable.
Les grandes entreprises déclarent changer d’attitude et se mettre au coeur de la défense de l’environnement via un nouveau management et la mise en place d’audits. Une part d’entre elles, soutenues par les Républicains aux États-Unis, se lancent toutefois dans le climato-scepticisme et dénient l’urgence d’agir.
Cette conférence entend décrire la variété des solutions proposées, mais aussi leur piètre efficacité comme les raisons permettant d’en rendre compte.
Au cœur sont le refus de considérer la question des limites de Gaïa, l’autonomie des mondes économiques globaux et la marginalisation du politique.
Le 18 septembre, 19 h
CRR 93, 5 rue Édouard Poisson
7 milliards et demi d’humains en 2017…
et combien demain ?
Sept milliards et demi d’humains en 2017… et combien demain ? Pendant des milliers d’années, l’homme a été une espèce rare dont le nombre augmentait lentement. Vers 1800 cependant, la population s’est mise à croître rapidement, d’abord dans les pays riches puis, à partir du XXe siècle, dans les pays pauvres. Cette période unique dans
l’histoire de l’humanité devrait se terminer d’ici la fin de ce siècle ou au cours du XXIIe siècle.
Quelles ont été les raisons de cette formidable croissance démographique ? Va-t-elle se poursuivre ? Comment s’explique la stabilisation annoncée ? À quoi ressemblera la population mondiale demain ?
Le 16 octobre, 19 h
Lycée Le Corbusier, 44 rue Léopold Réchossière
Résister au désastre : des Aborigènes d’Australie à Notre-Dame-des-Landes
Si l’histoire occidentale a pensé l’homme comme « prisonnier » de climats, l’anthropologie montre que les perceptions du monde selon lesquelles l’homme peut agir sur les forces de la nature sont présentes depuis la nuit des temps.
Un grand nombre de sociétés traditionnelles se reconnaissent ainsi à la fois des obligations de soin, notamment sous forme de rituels, et des interdits à respecter sous peine de perturber l’équilibre supposé entre tout ce qui existe, et provoquer ainsi diverses catastrophes, sécheresses, inondations, épidémies ou famine.
Face aux menaces qui pèsent sur la terre du fait de l’effet destructeur de nos modes de vie dépendants des industries extractives et des énergies fossiles, il est urgent de réfléchir à la décroissance et aux formes d’alliance qui se multiplient avec les peuples autochtones dans la défense de leurs sites sacrés afin de permettre des modes d’existence alternatifs, reposant tant sur certains savoirs transmis que la capacité de tous à changer de monde.
L’expérience des peuples aborigènes du désert central et des régions côtières d’Australie sera mise en écho avec la résistance des Amérindiens, notamment de Guyane française, ainsi que d’autres luttes, comme celle des habitants occupant Notre-Dame-des-Landes.
Le 20 novembre, 19 h
Espace Renaudie, 30 Rue Lopez et Jules Martin
Expériences et imaginaires de la fin du monde au xxe siècle
Au début des années 1960, l’anthropologue italien Ernesto De Martino entreprend une vaste enquête comparative sur les ressources culturelles offertes par plusieurs imaginaires de la fin du monde ou de la fin de l’Histoire : celui du christianisme primitif,
celui des mobilisations millénaristes du Tiers Monde, celui du mouvement communiste international, celui de la modernité artistique et littéraire.
Une définition de la culture comme ce qui préserve de la folie – entendue comme perte du rapport à soi et au monde – est au coeur de cette entreprise, qui fait suite à dix ans d’enquêtes ethnographiques dans l’Italie du Sud pour comprendre la rémanence de savoirs culturels, disqualifiés sous le nom de magie, destinés à prendre en charge des crises de l’existence individuelle.
Mais la mélancolie de l’Occident aux prises avec des mondes finissants et une « transcendance vide », dont témoigne la littérature moderne, peut aussi accueillir des expériences existentielles qui renouvellent le vénérable genre littéraire désigné
par le terme « apocalypse », pour relancer le temps en acclimatant de nombreux thèmes que l’on retrouve, aujourd’hui, au coeur de nos cultures populaires contemporaines.
Le 18 décembre, 19 h
Théâtre de la Commune, 2 rue Édouard Poisson
Apocalypse et millénarisme dans l’histoire européenne
Apocalypse, eschatologie, messianisme, millénarisme : pour comprendre ces mots toujours actuels, il faut remonter à leur source.
Parmi les nombreuses révélations visionnaires qui fleurissent dans les milieux judéo-chrétiens entre le IIe siècle av. J.-C. et le premier siècle de notre ère, l’Apocalypse attribuée à Jean l’Évangéliste a joui d’un succès considérable qui ne s’est jamais démenti dans la tradition chrétienne depuis l’Antiquité tardive jusqu’au XVIIIe siècle au moins.
En commentant ce texte et en le mettant en images, des générations de croyants ont spéculé sur la prédiction d’un retour sur terre du Messie (Parousie) à une date incertaine et ont vécu dans l’espérance d’un règne de paix de mille ans (millénium) précédant le Jugement dernier.
Les interprétations divergentes quant à la date et à la nature du millénium ont donné lieu dès l’Antiquité tardive à des polémiques et à de nombreuses condamnations pour hérésie, mais ont encouragé aussi jusqu’à notre époque une prodigieuse inventivité
théologique, imaginaire et même scientifique.
Le 15 janvier 2018, 19 h
CRR 93, , 5 rue Édouard Poisson
La fin de l’empire soviétique était-elle inévitable ?
En décembre 1991, un peu plus de cinq ans après l’avènement de la Perestroïka gorbatchévienne qui s’était donné pour objet de la réformer en profondeur, l’Union soviétique implosait, entraînant avec elle, non seulement l’écroulement de la plupart
de ses institutions mais également la disparition d’un univers mental qui participait de la légitimité du pays et en assurait la cohésion sociale.
Sur le plan extérieur, les changements furent tout aussi rapides : désormais privé des références idéologiques qui avaient contribué à son expansion, contraint de renoncer au glacis est-européen et au réseau d’États clients du Tiers Monde qui lui avaient conféré une grande parte de sa puissance, le nouvel État russe se retrouva en quelques mois affaibli dans ses capacités d’influence, en proie à une profonde crise identitaire et exposé par ses nouvelles frontières à des voisins instables.
Cette disparition dont les conséquences allaient être cruciales tant pour le pays lui-même que pour l’équilibre géopolitique mondial, était-elle inévitable et comment l’expliquer ? C’est à ces questions que l’on s’efforcera de répondre en s’appuyant sur
les nombreuses sources aujourd’hui disponibles.
Le 12 février, 19 h
Lycée Le Corbusier, 44 rue Léopold Réchossière
Fin du monde, effondrement de sociétés : peurs et résilience
Depuis les temps les plus reculés de l’histoire, la fin du monde a toujours hanté l’imaginaire des humains, ce thème étant aussi ancien que la peur de mourir.
La disparition de l’humanité, telle qu’annoncée pour le 21 décembre 2012 dans « Le Facteur Maya », constituerait selon Luc Mary la 183e prédiction de ce genre… Face à la fréquence de cette annonce et à ses conséquences, les chercheurs ont tenté d’avancer des explications : catharsis pour les angoisses quotidiennes, toujours plus grandes dans le monde actuel ? Expression de pathologies collectives ?
Stratégie de manipulation et d’emprise sectaire pour des personnes vulnérables ?
La diversité des hypothèses avancées concernant l’effondrement des sociétés et la fin du monde témoigne de la complexité de ce type de peur et souligne la nécessité d’envisager des interventions permettant de renforcer les processus de résilience
individuelle et collective.
Le 12 mars, 19 h
CRR 93, , 5 rue Édouard Poisson
Anthropocène : quand l’histoire humaine rencontre celle de la Terre
Les scientifiques nous l’annoncent, la Terre est entrée dans une nouvelle époque : l’Anthropocène.
Ce qui nous arrive n’est pas une crise environnementale, c’est une révolution géologique d’origine humaine.
Depuis la révolution industrielle, notre planète a basculé vers un état inédit. Les traces de notre âge urbain, consumériste, chimique et nucléaire resteront des milliers voire des millions d’années dans les archives géologiques de la planète et soumettront
les sociétés humaines à des difficultés considérables.
Faisant dialoguer science et histoire, cette conférence vise à donner une réponse historique à une question simple : comment en sommes-nous arrivés là ?
Le 9 avril, 19 h
Théâtre de la Commune, 2 rue Édouard Poisson
Filmer la fin du monde, des origines du cinéma à la télévision
À l’évocation de la fin du monde au cinéma, ce sont des images de blockbusters américains et japonais qui nous assaillent, bien avant toutes réalisations françaises. C’est cette vingtaine de films, pour la plupart oubliés, échelonnés entre 1924 (La Cité foudroyée, Luitz-Morat) et 2011 (Melancholia, Lars von Trier), qui seront évoqués ici.
Nous nous interrogerons sur les conditions de création de ces oeuvres, leurs filiations et contraintes budgétaires, qui ont obligé les auteurs à expérimenter des dispositifs ingénieux pour rendre crédibles, malgré l’absence d’effets spéciaux, la destruction de la planète et son éventuelle réorganisation.
Nous observerons ensuite la manière dont ces récits ont évolué selon les connaissances, les enjeux, les inquiétudes des sociétés successives ; comment,
selon les époques, les cinéastes ont présenté la planète, imaginé les causes de la catastrophe et la réaction des humains à celle-ci.
Nous dégagerons enfin les principaux invariants de ce corpus : caractéristiques comparables des héros vivant à l’écran leurs derniers instants, impossibilité des réalisateurs à faire évoluer leurs personnages à la surface terrestre et dans le présent du futur, à leur conserver leur intégrité corporelle et sensorielle.
Le 14 mai, 19 h
Théâtre de la Commune, 2 rue Édouard Poisson
La fin du capitalisme ?
Dans cette conférence, Thomas Piketty s’interrogera sur la signification d’une possible « fin du capitalisme », ou plus précisément sur le type de transformation des rapports de propriété – ou de retour à des formes de rapports antérieurs – que sous-tendent
les évolutions en cours.
Pour cela, il remettra dans une perspective longue l’histoire des différentes formes de possession et de structures inégalitaires.
Dans le prolongement des réflexions engagées dans son ouvrage « Le capital au xxie siècle », il s’interrogera en particulier sur la signification de tendances récentes telles que la remontée de la concentration des patrimoines et des revenus, l’interpénétration des détentions financières entre pays, la progression de la propriété immatérielle ou encore le développement de nouveaux propriétaires à but non lucratif.
Le 11 juin, 19 h
Maison des sciences de l’homme Paris nord, 20 Avenue George Sand, 93210 Saint-Denis