Très vite, les inquiétudes exprimées quant aux risques encourus notamment ceux d’exposer les enfants, les enseignant-e-s et le personnel au virus ont fait naître de nombreuses interrogations.

Comment envisager un enseignement pédagogique de qualité, égalitaire entre toutes les Communes, alors que les consignes sanitaires de l’Etat imposent une multiplication de tâches à réaliser par le corps enseignant et le personnel éducatif et communal ? 

Comment faire le tri des élèves qui retournent en classe? Comment bien suivre ceux qui restent à la maison? Comment faire respecter les gestes barrières à des enfants? 

Les réponses des services de l’Education Nationale, lors de la réunion organisée le mardi 5 mai avec les maires d’Ile-de-France n’ont pas apporté des éléments rassurants. 

La reprise, si elle avait lieu, équivaudrait à une nouvelle rentrée, sans préparation des équipes pédagogiques. Il faudrait réorganiser de nouveaux groupes d’élèves, accueillir un seuil minimal d’enfants pour respecter le protocole sanitaire. Je ne peux me résoudre à ce que nos écoles acceptent certain-es élèves et pas d’autres. 

Le dispositif actuel s’apparente en réalité à une forme de garderie, loin des ambitions éducatives auxquels toutes et tous sont attaché-es. 
 
C’est pourquoi, après échanges avec la communauté éducative, les organisations syndicales et les associations de parents d’élèves, et dans la suite de l’appel que j’ai signé avec plus de 350 maires d’Ile-de-France, j’ai pris la décision de ne pas rouvrir les écoles avant la rentrée de septembre. 

Notre action se base sur les intérêts des enfants en terme d’éducation et de santé et non sur des préoccupations économiques du Gouvernement qui obligent les parents à retourner sur leur lieu de travail malgré les risques. 

Comme nous l’avons fait depuis le début de la crise sanitaire, la Municipalité continuera à prendre, en responsabilité, les mesures collectives pour garantir l’éducation et la santé des enfants. 

Nous continuerons à accueillir dans les établissements scolaires les enfants des personnels soignants qui mènent un combat quotidien contre l’épidémie et ceux d’autres catégories professionnelles qui ne pouvaient être confinées.

Les crèches seront également ouvertes. Dès le 13 mai pour les crèches départementales et le 18 mai pour les crèches privées, associatives et trois municipales (Lecuyer, Kelébé et Rosenberg). Elles pourront accueillir les enfants dont les deux parents sont dans l’obligation de se rendre sur leur lieu de travail.

Je veux saluer le professionnalisme des équipes éducatives, des personnels techniques, le dévouement des parents et l’implication des acteurs de la vie périscolaire, du monde associatif qui agissent depuis deux mois en complément de l’Education nationale. 

La Municipalité continuera d’oeuvrer afin d’ identifier les enfants les plus éloignés de l’enseignement à distance depuis le début du confinement. Nous travaillerons à un dispositif en ce sens pour soutenir ce public fragile.

Les enjeux sont importants pour préparer l’année scolaire 2020-2021.Il s’agira de tirer les leçons de la période difficile que nous traversons afin d’accueillir les enfants dans de bonnes conditions. Parmi les premières actions engagées, j’ai saisi début avril, la Direction Académique des Services de l’Education Nationale afin qu’elle ne procède à aucune fermeture de classes à la rentrée prochaine. 

La crise scolaire ne doit pas succéder à la crise sanitaire.

Mériem Derkaoui
Maire d’Aubervilliers
Vice-présidente du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis