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Gilbert Peyre, la mécanique du rêve
Poète et bricoleur de génie, il a vidé son atelier d’Aubervilliers pour s’exposer.
Au pied de la Butte Montmartre, les visiteurs sortent de La Halle Saint-Pierre avec un sourire d’enfant : ils viennent de faire un tour de manège. Dans une ambiance de fête foraine d’autrefois, Gilbert Peyre présente vingt ans de création « électromécanomaniaque » : des sculptures mécanisées, faites d’objets récupérés, s’animent dans de drôles de saynètes.
Une jupe et un pantalon fantômes dansent un rock endiablé. Deux armoires claquent
leurs portes et font voler des assiettes dans une authentique scène de ménage. Une
Joconde barbue susurre le nom de Leonardo... « J’ai des folies dans la tête », reconnaît l’artiste. Et de la magie au bout des doigts.
Soudeur de formation, il en a gardé un goût pour le chalumeau. « J’ai toujours aimé
décortiquer les objets, comprendre comment ils fonctionnent, les transformer. »
Gilbert Peyre est né en 1947 à Annot, petit village des Alpes de Haute-Provence.
A 30 ans, il propose ses premiers jouets bricolés aux Puces de Clignancourt. Ses objets à ressorts ou à manivelle se vendent comme des petits pains : il ouvre une
échoppe à Montmartre. Dans l’arrièreboutique, il travaille sur des machines plus
importantes, s’initie à l’électromécanique puis à l’informatique…
« Aubervilliers m’a fait grandir »
Au début des années 2000, le plasticien autodidacte trouve un atelier à sa mesure
à Aubervilliers : un ancien garde-meuble, rue Danielle Casanova. C’est ici que vont
s’épanouir ses sculptures-opéras, scénographies géantes associant machines, marionnettes et acteurs humains. « Aubervilliers, c’est le lieu qui m’a permis de
grandir », souligne-t-il. Il partage volontiers ce que la Ville lui a donné, ouvrant son
atelier au public à plusieurs occasions.
Le monde de l’enfance marque son oeuvre. Il le côtoie régulièrement : les écoliers de
Saint-Just jouent à sa Mécanivelle en 2006 ; d’autres l’aident à créer un Jardin mécanique, avec l’association La Part de l’Art.
Ses machines séduisent au-delà d’Aubervilliers : en 2009, Jean-Pierre Jeunet leur
offre plusieurs rôles dans son film Micmacsà tire-larigot.
Son dernier opéra, Cupidon, propriétaire de l’immeuble situé sur l’Enfer et le Paradis,
a tourné à Paris, Bâle, Lisbonne, Cracovie... Et à Aubervilliers ? Pas encore,
même si c’est un vieux rêve de Gilbert Peyre. L’homme a une façon bien à
lui de vendre son art. « A l’atelier, j’ai un gros piano qui se déglingue. Les pédales
se barrent, même le tablier ne tient plus…
Mais il marchera jusqu’à la dernière note ! J’aimerais bien le faire jouer au Théâtre
La Commune. » Appel du pied d’un magicien au monde des comédiens…
Aurélia Sevestre
L’ÉLECTROMÉCANOMANIAQUE
Jusqu’au 26 février
Du lundi au vendredi, de 11 h à 18 h ; le samedi, de 11 h à 19 h ; le dimanche, de 12 h à 18 h.
La Halle Saint-Pierre
2 rue Ronsard, 75018 Paris.
Plein tarif : 9 €