Funeste été à Aubervilliers avec la mort d’un habitant d’origine chinoise, Chaolin Zhang, modeste couturier de 49 ans, cinq jours après une violente agression survenue le 7 août, rue des Ecoles. L’affaire, à replacer dans un contexte de recrudescence de vols avec violences contre des Asiatiques, a vivement fait réagir la maire, Mériem Derkaoui, qualifiant clairement « un crime d’autant plus odieux que son mobile crapuleux se double d’un ciblage raciste » : 105 agressions ciblant des Asiatiques ont été relevées entre janvier et août 2016, soit trois fois plus relativement à 2015 pour la même période (Source : Préfecture de la Seine-Saint-Denis).

Après un premier rassemblement le 12 à l’initiative de la municipalité, les associations franco-chinoises ont pris le relais pour réussir à mobiliser plusieurs milliers de personnes devant la mairie et dans les rues de la ville. De fait, la réaction des Albertivillariens d’origine chinoise – population estimée entre 3 et 4 000 personnes – inscrite d’abord dans l’hommage à Chaolin Zhang est ensuite rapidement passée au stade de la colère froide : « L’Asiatique avec de l’argent et facile à détrousser, c’est le cliché ici, s’énervait Jean, Eurasien du centre-ville, qui a participé aux deux manifestations des 14 et 21 août. Les Chinois sont d’ordinaire discrets mais ils ne se laisseront pas faire. »
Dans le temps de ces rassemblements, une majorité de slogans réclamant « liberté,
égalité, fraternité et la sécurité pour tous ! », les multiples récits-témoignages
d’habitants ayant subi des violences ont remis ces questions sur le tapis et le comité
de soutien à la famille endeuillée a réclamé davantage de policiers et « au moins 10 caméras supplémentaires dans les rues sensibles ».

Vidéo surveillance, renforts policiers

En juin dernier, Mériem Derkaoui avait déjà dénoncé une rupture d’égalité territoriale
en matière de sécurité en lançant un appel à un rassemblement sur la dalle Villette « Pour la tranquillité, contre la violence ». Le 18 juillet, cette dernière écrivait
directement à Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur : « […] je renouvelle
avec vigueur ma demande, qui est aussi celle des habitantes et habitants de voir les effectifs de Police mis à un niveau digne et normal d’une ville de 82 500 habitants.
Aujourd’hui, le nombre de policiers par habitant est en baisse sur notre ville alors
que nous aurions un besoin inverse. »
La triste réalité aura donc ensuite confirmé l’urgence des ces doléances. Si le ministre a bien reçu la famille de Chaolin Zhang et la maire d’Aubervilliers, promis « de renforcer davantage les effectifs de Police à Aubervilliers » et s’est déclaré disponible « pour cofinancer sur les fonds de l’Etat l’installation de caméras de vidéo protection », d’autres villes du département se sont également engagées sur le thème de l’égalité républicaine : lors d’une conférence de presse en mairie, le 29 août, les maires de La Courneuve, Pantin, Saint-Denis et Stains se sont ainsi joints à Mériem Derkaoui pour réclamer les effectifs de Police supplémentaires et les moyens énoncés par le ministre, en instance de visite sur Aubervilliers, tout comme Valérie
Pécresse, la présidente de Région, venue le 1er septembre.
Egalement présente à la conférence de presse, Elisabeth Guigou, la députée de la circonscription, a en quelque sorte conforté l’annonce ministérielle en évoquant « une dizaine de policiers supplémentaires et des caméras supplémentaires cofinancées par l’Etat ».
De son côté, la maire a estimé qu’il faudrait ici doubler le nombre de policiers et
passer « de 150 actuellement à 300 » pour concorder avec le nombre d’habitants. En outre, l’édile a annoncé une réorganisation prochaine de la Police municipale.

Eric Guignet