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Cinq décennies sous vos applaudissements
« De toute façon, le théâtre appartient à la vie de l’homme. Il lui est aussi nécessaire que le manger », pose André Gide.
De cet axiome découle la création du Théâtre de La Commune, premier théâtre en banlieue de Paris, un acte militant entrepris par Jack Ralite et Gabriel Garran, le politique et l’homme de théâtre.
L’aventure est initiée dès 1959 avec la tenue de débats autour d’une implantation théâtrale permanente, la mise en place d’une école d’art dramatique – le groupe Firmin Gémier – et l’organisation en 1961 « d’un festival qui dura quatre ans avec un public passant de 1 500 à 6 000 spectateurs dans le gymnase Guy Môquet prêté par les sportifs », se souvient Jack Ralite.
En prise directe sur l’époque
Où seront ses murs ? Dans une aile de la salle des fêtes, rue Edouard Poisson, où « la municipalité a investi 4 millions de francs, dont 2,5 pour l’aménagement de la salle. Quant à l’Etat, il “prête gracieusement", pour reprendre l’expression consacrée, 40 projecteurs, 2 machines à coudre et 1 fer à repasser », écrit Micheline B. Servin [1].
Hourrah, le Théâtre de la Commune ouvre le 25 janvier 1965 – obtient le statut de Centre dramatique national en 1971 – sous la direction du metteur en scène Gabriel Garran jusqu’en 1985 :
« Nous avons le souci d’être un lieu de création d’oeuvres inédites en prise directe sur notre époque. […] Nous avons opté pour un théâtre qui soit témoin de son temps et ait valeur de documentaire sur notre monde.
Que ce témoignage soit critique, document, polémique ou miroir déformant du réel, c’est cette idée dramatique qui détermine le choix de mes spectacles. »
Dans la foulée, Alfredo Arias (1985-1991), Brigitte Jaques et François Regnault (1991- 1997), Didier Bezace (1997-2013) et, depuis 2014, Marie-José Malis se sont succédé aux commandes.
Des visions, des choix qui auront permis au public de se confronter à Arthur Miller, Bertolt Brecht, William Shakespeare, Luigi Pirandello, Anton Tchekhov, Molière, Marivaux, Copi, Corneille, Tony Kushner, Dario Fo, Antonio Tabucchi, Georges Feydeau, Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, Jean-Paul Sartre, Hubert Mingarelli, Friedrich Hölderlin, Alexandra Badea entre autres… On a été bien servi et on a plutôt bien mangé, n’estce pas André Gide ?
Une expo, deux spectacles et une journée phare le 28
Du TCA à La Commune, la Ville va célébrer ce demi-siècle sur une semaine, du 23 au 29 novembre prochains.
Cela avec une exposition historique et thématique dans le hall du théâtre : voilà pour recenser tout le répertoire et les metteurs en scène qui sont venus ici, depuis 1961, révéler les intentions et objectifs que se sont fixés les différentes directions.
Dans ce tempo, deux spectacles – Le Petit Z, d’après Gilles Deleuze et Mémoire chantée, mis en scène par Gabriel Garran – seront à l’affiche.
Un film de 52 minutes qui retrace l’histoire du TCA sera projeté juste après une intervention de Jack Ralite ce samedi 28 novembre, journée phare de ce cinquantenaire : l’occasion de goûter aux lectures de poèmes de Garran, d’entendre Marie-José Malis qui rendra compte du colloque qui réunissait, en parallèle, les directeurs de CDN autour de la question : « Comment hérite-t-on d’un CDN aujourd’hui ? »
Eric Guignet
Le 4 novembre 2015
LES 50 ANS DU THÉÂTRE
Du lundi 23 au 29 novembre
Théâtre La Commune
2, rue Edouard Poisson.
Infos au 01.48.33.16.16